Un hôte inattendu
En Sologne, les balbuzards pêcheurs ont commencé à coloniser spontanément les pylônes électriques du Réseau de Transport d’Électricité (RTE) à partir de 2006. Recherchant pour leur nid un support en hauteur, proche d’un point d’eau et capable de supporter une charge lourde, quelques couples de balbuzards se sont installés sur des pylônes du réseau très haute tension (225 000 Volts), situés à proximité de la forêt d’Orléans.
Du fait de leur géométrie, les pylônes peuvent facilement accueillir un nid, dans un environnement souvent calme et isolé – tranchées forestières nécessaires au passage de la ligne électrique – offrant une vue à 360°. Peu sensibles aux rafales de vent, ils assurent une bonne longévité au nid.
Face à ce constat, RTE s’est intéressé à ce rapace protégé, emblématique de la région Centre, et s’est notamment rapproché des ornithologues de Loiret Nature Environnement (LNE), de la Ligue de protection des Oiseaux (LPO) et du Muséum des sciences naturelles d’Orléans afin de trouver les meilleures solutions pour assurer la coexistence de l’oiseau avec les infrastructures du transport d’électricité. Le Balbuzard étant une espèce fidèle à son nid, les individus qui se sont installés sur les pylônes une première fois vont nécessairement revenir les années suivantes. Il est alors apparu comme évident et impératif de sécuriser les nids afin de protéger les oiseaux et de garantir un approvisionnement en électricité de qualité. Le premier chantier d’installation de corbeille métallique adaptée au Balbuzard pêcheur a été mené en 2008.
En hiver, lorsque le Balbuzard est parti en migration, le nid est placé dans une corbeille métallique fixée au pylône et déportée à sur emplacement sécurisé, afin de ne plus se trouver au-dessus du câble électrique. Cette solution d’accueil est pérenne et semble satisfaire les Balbuzards, qui reviennent chaque année.
En 2013, RTE a soutenu le premier colloque international sur le Balbuzard pêcheur, co-organisé par la LPO et le Muséum des sciences naturelles d’Orléans. L’expérience allemande, présentée lors de ce colloque, a permis à RTE de réaliser l’importance des pylônes électriques pour la reproduction de ce rapace. En Allemagne, 65 % des nids de Balbuzards sont en effet installés sur des pylônes.
Les arbres de fer
Aujourd’hui en France – hors Corse – environ 20% des nids sont installés sur des pylônes du Réseau de Transport d’Électricité.
En France, entre 2007 et 2013, 20 reproductions réussies sur des pylônes ont permis l’envol de 37 jeunes. Depuis 2013, une quinzaine de couples se reproduisent chaque année sur des pylônes des régions Centre-Val de Loire et Pays de la Loire. Le réseau électrique contribue ainsi à la préservation et au développement des populations françaises de Balbuzards pêcheurs en offrant des sites favorables à la nidification de l’espèce.
Les équipes de RTE participent également activement au baguage des jeunes Balbuzards nés sur les pylônes électriques.
Stars du petit écran
En février 2016, dans le cadre du projet « Objectif balbuz@rd », RTE a installé les deux premières caméras qui filment en direct les nids de Balbuzards pêcheurs installés sur des pylônes.
Visionner l’intérieur du nid donne accès à des informations sur le comportement des Balbuzards qui ne sont pas toujours visibles depuis le sol. Les trois saisons de reproductions filmées ont déjà révélé des comportements inattendus (cf. Ravoir & Sologne > Saisons 2018-2016).